En créant ce blog, je voulais que mes lecteurs puissent s'informer de l'évolution de ma situation personnelle, contempler quelques clichés style catalogues touristiques, donner des informations sur la vie au Québec, dialoguer et échanger des points de vue.
Au-delà de la nécessité de donner des nouvelles régulières, j'aimerais que mon blog soit aussi un peu instructif. Je me disais que pour parler du Québec et des québécois, il fallait d'abord connaître un peu l'histoire et la géographie du pays pour comprendre le mode de vie et les comportements.
Soit dit en passant, je me garderai bien de faire des comparaisons entre la France et le Québec étant entendu et admis que chaque pays (et ses habitants) a ses forces et ses faiblesses.
Donc je vous invite à un petit cours de rattrapage qui j'éspère, vous aidera à y voir plus clair...
Premier point, le Québec est une province du Canada donc le Québec n'est pas indépendant. Il compte grosso modo 7,5 Millions d'habitants sur un territoire grand comme 3 fois la France. Il a été découvert par Jacques Cartier en 1534 et est resté français jusqu'en 1763. C'est historiquement la première province canadienne, là où tout a commencé...
Le Canada est un état souverain en théorie depuis 1867 mais officiellement depuis 1982 et reconnait Sa Majesté Elisabeth II comme reine depuis son couronnement en 1952. Le Canada fait partie du Commonwealth ce qui renforce encore plus ses liens avec l'Angleterre. Vous me suivez?
Le Canada est donc une monarchie constitutionnelle organisée dans une fédération de 10 provinces et 3 territoires pour une population d'environ 34 millions d'habitants (2 fois moins que la France). Les langues officielles sont l'anglais et le français.
La question des langues est fondamentale pour ne pas dire critique pour les québécois: le Canada est majoritairement anglophone (1 francophone pour 5 anglophones) et cela pose une importante question politique. Ce déséquilibre tend en plus à s'accentuer avec l'essor des provinces de l'ouest.
Les québécois sont certes minoritaires mais ils représentent une réserve de voix que ne peuvent négliger les politiciens anglophones des grands partis nationaux. D'ailleurs leurs dirigeants parlent un français impeccable qu'ils pratiquent quotidiennement en ces temps de campagne électorale. Ils prennent bien soin de ménager l'élécteur québécois francophone sur les questions d'"exception culturelle".
Le québécois est donc cerné d'anglophones: à l'Est les provinces maritimes peu peuplées et industrialisées mais très british, à l'ouest l'Ontario, les prairies et le far-west provinces dynamiques en explosion démographique et sûrement l'avenir du Canada, au Sud les yankees, au Nord...les inuits.
Pour se prémunir de la disparition de leur différence culturelle, les québécois ont recours à l'immigration francophone d'une part et ont créé la loi 101 d'autre part. Cette loi donne le droit au citoyen de parler français au travail, d'être informé et se réunir en français. Elle oblige aussi l'affichage publicitaire, la rédaction des modes d'emploi dans notre langue et surtout rend l'enseignement primaire et secondaire en français obligatoire (pour les parents francophones). Dans les faits au quotidien, l'anglais est omniprésent et occupe le terrain insidieusement sous différentes formes: d'abord certains québécois sont anglophones (oui ça existe!) surtout du côté de Montréal et en Estrie (descendants des loyalistes anglais fuyant la révolution américaine), ensuite les émissions en langue anglaise sont majoritaires sur les canaux TV, l'influence du voisin américain se fait sentir tant dans les produits consommés que sur le mode de vie en général, la maîtrise de l'anglais est souvent nécessaire pour travailler en entreprise (je peux en témoigner après mes entretiens d'embauche), la langue "québécoise" courante utilise même des mots qu'on pourrait qualifier d'"américanismes" (matcher, checker, outlets, tires, binnes, canceller, toune, etc...).
Tout ceci n'est donc pas simple! On dit souvent d'ailleurs que les québécois ne sont pas des français vivant en Amérique mais plutôt des américains parlant français. En tout cas, leur combat pour la reconnaissance du français au sein de l'union fédérale est admirable et courageux.
Sans aucun doute, le québécois aime cultiver sa différence culturelle et défendre les intérêts de notre langue, mais dans les faits et pour en avoir longuement discuté avec des francophones convaincus, tous m'ont conseillé de prendre des cours pour parfaire mon accent anglais et tendre vers le bilinguisme pour m'intégrer pleinement dans le Canada de demain. Certains ont même reconnu un peu la mort dans l'âme, que l'avenir du pays serait anglophone. Si tel est le cas, combien de temps pour le français avant que le vent d'ouest ne l'emporte?